L’église de Saint Vidian
Un édifice caractéristique du gothique méridional
La présence d’un édifice religieux dans le centre-bourg remonte à l’antiquité tardive.
En effet, à l’emplacement de l’église actuelle, était établie une somptueuse villa romaine, appelée Villa de Martres afin de la différencier de la célèbre Villa de Chiragan, qui au fil des siècles s’est transformée en une nécropole paléochrétienne, c’est-à-dire un espace funéraire. Ainsi qu’une basilique funéraire qui accueillait notamment les fidèles. Un lieu de culte chrétien va donc s’organiser au centre du village. En témoignent les chapiteaux romains de réemploi surmontant les colonnes d’angles de la chapelle dédiée à Saint-Vidian du IV-Ve siècle. Cette nécropole perdura jusqu’à la construction d’une première église romane. Il s’agit d’un prieuré dédié à Sainte-Marie et qui date probablement de la fin du XIe siècle. La modeste église romane fut détruite sûrement au XIIIe siècle pour plusieurs raisons. Une architecture fragile avec une nef qui s’affaisse, le développement d’un nouveau culte et pèlerinage autour de Saint-Vidian, le saint protecteur des Martrais…
Assurément, la mise en place d’un culte reliquaire à Martres-Tolosane a eu pour conséquence un afflux de pèlerins et de fidèles au sein de l’église romane. Pour répondre à de nouveaux besoins, cette dernière fut rebâtie au cours du XIIIe, début du XIVe siècle et consacrée par le Pape en 1309.
L’église gothique mesure 50m de long, 11m de large et 12m de haut. Elle devient, vers le milieu du XIIIe siècle, l’église de Saint-Vidian des Martyrs. Il s’agit d’un édifice caractéristique du gothique méridional. En effet, elle est construite en brique, matériel local par excellence, peu onéreux et nécessitant une main d’œuvre moins qualifiée que pour des monuments en pierre de taille. On observe aussi la présence de contreforts à l’extérieur pour maintenir les murs. De plus, son plan n’est pas en croix latine comme beaucoup d’églises. On remarque l’absence totale de transept, caractéristique du gothique toulousain. La présence de ce dernier aurait gêné la circulation via la grand-rue de l’Eglise qui était une voie principale de communication et de passage entre Toulouse et l’Espagne. On retrouve une nef unique sans collatéraux, hormis les chapelles au Nord. Des éléments défensifs sont souvent accolés aux monuments religieux. C’est le cas ici avec la présence d’une tour défensive au niveau du cœur, en direction de l’est et de la porte en direction de Toulouse. Ce bâtiment défensif, que l’on appelle tour du prieuré, est munie d’archères et date du XIIe siècle.
Au sein de l’église gothique, on retrouve une chapelle dédiée à Saint-Vidian. Le portail de la chapelle provient de l’ancienne église du prieuré, de style roman. Il s’agit d’une voûte en berceau plein cintre.
Dans les angles, se dressent des colonnes en marbre vert avec des chapiteaux corinthiens (aux feuilles d’acanthe) en marbre de Campan provenant sûrement de la villa romaine de Chiragan. En tout cas, il s’agit de remploi antique. L’autel est de style gothique flamboyant du XVe siècle, il abrite les reliques de Saint Vidian. Il fait l’objet d’un projet de restauration dans les années à venir.
L’élément le plus récent de l’édifice est son clocher. En effet, il dénote avec l’ensemble du bâtiment par l’utilisation de pierres de taille au lieu de la brique locale. Ce dernier date du XIXe siècle. Il s’est effondré deux fois lors d’un tremblement de terre en 1838 et de la foudre en 1856. Il fut reconstruit plus exactement en 1865. De plus, les contreforts de l’église ont eux aussi été renforcés avec l’ajout partiel de pierre de taille pour consolider l’édifice.
Les derniers importants travaux de rénovation se sont terminés en mai 2015 après de multiples intempéries qui ont détérioré la structure.
Source : Visite guidée sur l’histoire de Martres-Tolosane : de l’antiquité à nos jours,
Dorian Duffourg, 2021.